Wednesday, April 15, 2009

Biographie part 2

De plus, comme on s'arrache, semble-t-il, l'échantillon de Négro Parigot Spirit, TSN, se retrouve sur plusieurs compilations comme "Invasion" (avec un inédit "La Vie d'Artiste", et du beau linge, La Cliqua, Idéal J, Expression Direkt, D. Abuz System, et un débutant, Rohff), "My definition Of HipHop" (compilation d'un Américain, DJ Enuff, qui présente la scène française à ses compatriotes), "Nord vs Sud" ou même la première compilation "Planète Rap". Pendant ce temps le trio tourne en France, et s'exporte même en Suisse et en Allemagne. Tout cela nous amène à 1997 et des modifications entrepreneuriales, puisque Panam' productions cède la place à La Pieuvre, premier véritable label, c'est-à-dire que TSN envisage de gérer la carrière d'autres artistes en plus de la sienne. La première production tentaculée est le second album du groupe, "Le Mal De La Nuit". Même accueil "réservé" des media ("Là où le 1er faisait sourire, celui-ci laisse pensif", fanzine The Truth, 1999) au rap plutôt festif, décomplexé et décontracté de TSN, cela dit on notera l'équivalent du "We're All In The Same gang" californien ( pour les novices, il y avait sur ce morceau de 1989 ou 90 la crème du rap Westside, Eazy E & NWA, JJ Fad, Digital Underground, Ice T, Tone Loc, Above The Law...), transposé à Paname. A savoir "La Solidarité Noire", avec les participations de quelques débutants comme les Sages Poètes De La Rue, Ministère AMER, EJM, Doudou Masta de Timide Et Sans Complexe, Lamifa et la rappeuse Nemesis. Le disque se vendra malgré tout à 40 000 exemplaires, seulement le départ de MC Bees met un terme (provisoire ?) à la carrière de Tout Simplement Noir.

LIFE IS ...TOO SHORT

Les deux rappers restants, propriétaires de La Pieuvre, décident de développer davantage leur entreprise, via des projets solo et de nouvelles signatures comme Graine 2N ou Roll K (recrue strasbourgeoise). Nouvelles signatures certes, mais on reste dans l'entourage de TSN, puisque Roll K a participé au second album du groupe, et Monsieur "Bouffe Graineuse" est une vieille connaissance des patrons du label. Du fait de sa visibilité ( MCM), Parano Refré est le premier à inaugurer les parachutes pieuvresques, avec "Paranocalypse" et un clip pour le titre "Menace". A noter que le label décide de privilégier la promotion médiatique plutôt que la scène ( tu me prends une double page de pub et je te garantis une petite visibilité, euh pardon, je vois avec ton manager ou ton attachée de presse comment on peut ensemble sauver le hiphop français), en effet à l'époque il y avait beaucoup de magazines rap, c'est difficile à appréhender, je sais.
Après "Monsieur Télévision" arrive celle par qui le scandale arrive, la Queen B ou la Ill Na Na hexagonale, la fameuse Roll K, avec son "Sexe, Drogue et Roll K". C'est simple, il y a peu de rappeuses ( quelqu'un se souvient de Nemesis, Shankhane, E Komba, Lady Laistee, B Love, Beedjy, Saliha ?), donc les profils atypiques se remarquent (et selon un de mes collaborateurs, en aparté, si on peut éviter le physique très gracieux de l'accompagnateur de Lil Kim, c-à-d Biggie Smalls, c'est toujours ça de gagné). Roll K passera aussi bien dans "Tracks" que l'émission sérieuse (hum) "Ripostes", sans oublier presse écrite, passages radio, et clip attitré ("Mon Prof De Gym").

Suivront les albums de Graine 2N, "Bouffe Graineuse" évoqué plus haut, et "Le Jour J" de JLTismé, qui attirent moins l'attention que la "Superlopsa". Les temps sont durs pour les indépendants (demandez à Lunatic et 45 Scientific), résultat la pieuvre coule, emportant avec elle un projet de compilation ("Le Meilleur de Panam'" avec sans doute Tony Mercenaire, Démons de Paname, LNd, Rico ( Malka Family, futur Gréements Of Fortune), et un certain Club Splifton avec ou sans les Reservoir Dogues), et un album des Démons de Paname, en 2002.

Avec le recul, on pourrait aussi s'autoriser à penser que les pochettes d'inspiration Pen & Pixel ont pu choquer les adeptes de la bronxitude et du boom bap régnant sur la capitale. Mais on ne fait que s'autoriser à penser, hein? Cela dit, le négroparigotisme est une maladie coriace, puisque JLTismé revient avec le label Noctambule records. La première sortie sera "Rollkamasutra" dés octobre 2003, second album de Roll K, qui après quelques concerts, squatte les radios Media Tropical et Génération 88.2, au point de se voir confier une émission hebdomadaire, "Rollkaroscope". Et cette fois, ce n'est pas un simple vidéo clip mais tout un DVD qui lui sera consacré, "RollK Hot Show", réalisé par JLtismé lui-même, et qui sort en avril 2004. Pour sa promotion, Roll K participe entre autres à la fameuse émission de Stomy Bugsy "Westcoastla".
Pendant ce temps, JLtismé entre en semi-retraite rapologique (exception faite de sa participation aux compilations "West Rider") jusqu'à l'album "Rap De Chambre" qui débarque en 2006, suivi du projet 50/50 avec Aelpeacha (CSRD) en 2007, avec quelques concerts hexagonaux dans la foulée (plus virée helvétique). En parallèle le Gurujee met en place la plateforme de téléchargement légal Zikaload.com, réalise quelques clips et surtout s'attelle à la conception du documentaire "LAxagone". Le DVD, auquel participe la majeure partie de la scène G Funk hexagonale et quelques pionniers comme EJM ou Stomy Bugsy, sort au printemps 2008.
Noctambule propose également des mixtapes animées par DJ Ozzir et annonce pour 2009 les albums de JLTismé, Roll K, une mixtape consacrée à Southcide 13, et un projet de compilation d'artistes franco-camerounais, "Tismé Camer Allstars".

Par ailleurs, après avoir clamé "rien de bon sur la FM", JLTismé a lancé son émission sur la webradio 187 Show, "Radio Paname", et s'autorise quelques ambitions cinématographiques pour le futur.
Voici en après-première la biographie de TSN (et des survivants), enjoy!

MYSTERES CAPITAUX

Paris la nuit... pègre, jazz, trafics en tous genres, truands en costume fumant cigares ou cigarettes devant un café, une bière, avant de se partager le butin, préparer le prochain casse, films de Lautner, Verneuil, dialogues d'Audiard et chapeaux dissimulant Gabin, Meurisse, Blier, Pouce...ca c'est l'image dangereuse mais présentable d'un monde que peu fréquentent. Pigalle, Clichy, Saint Denis, travailleuses nocturnes, c'est plus parlant mais (très) mal vu. Et je n'évoquerai pas la banlieue ni les guerriers du bitume, ces fameuses bandes parisiennes dont on exhume les faits d'armes (dan différentes disciplines). Paris la nuit...à la fin des années 80, une nouvelle tribu a vu le jour, ou plus exactement, le jour a révélé une nouvelle meute, ceux pour qui "H.I.P. H.O.P." n'est pas seulement une émission dominicale (et éphémère) sur TF1, remplie de minorités visibles effectuant des mouvements étranges pour Monsieur Toutlemonde. Ceux qui se sont nourris au funk, au disco, qui accèdent aux radios libres, parfois même aux émissions rock du service public ( à l'époque où cela signifiait quelque chose), qui ont préparé le terrain pour des journalistes plutôt spéciaux: les Dee Nasty, Lionel D, LBR et tant d'autres pionniers, DJs, taggers, graffeurs, danseurs. Aux Etats-Unis, un groupe parle de "Black CNN", un autre de "street reporters"...la capitale reçoit le message et les équipes se forment, en province ( IAM...), en banlieue ( Suprême NTM, EJM, Timide Et Sans Complexe, Ministère Ämer, Expression Direkt...) et bien sûr, sur place. On peut citer Assassin, et Tout Simplement Noir.

LES CAIDS DE PANAME

T.S.N. c'est un groupe à cheval entre la seconde génération ( EJM, Solaar, NTM, Les Little...) du rap français, qui est présente dans les bacs dés 1990-91, et la troisième ( La Cliqua, Fabe, La Rumeur,les affiliés Time Bomb...). Comme pour beaucoup de leurs coreligionnaires, c'est l'émission "Deenastyle" (Radio Nova) qui motive la cohorte , alors composée de cinq membres, MC Bees, DJ Keuss, JLTismé, Parano Refré et Demon. B. Rappelons aux novices que cette émission, démarrée par Dee Nasty et Lionel D a sévi de fin 88 à début 90, et accueilli Ministère Amer, EJM, Assassin, NTM et Solaar à leurs débuts. Rappelons aussi qu'à cette époque, le rap a une réputation sulfureuse ( musique de basanés, très basanés même), c'est aussi infréquentable, voire davantage que le hard rock ou le punk rock dans le media consensuels, et surtout, c'est vu ( le hiphop) comme une mode, un gadget.
Par conséquent, les fenêtres de tir sont rares. Le quintette parisien pense que l'union fait la force et rejoint le collectif La Longue Posse (initié par Jazzyco du Criminal Posse, futur SLEO) avec d'autres activistes comme Fabe, en 1989, maquette quelques titres dont " Le Temps Passe", qui fera l'objet d'un tournage RAPLINE ( Olivier Cachin, qui démarre la fameuse émission sur M6 à l'été 90, décidera de réaliser des reportages sur les groupes français, d'où le seul clip officiel de Ministère Amer, "Traîtres", "Elucider Ce Mystère" de Soon E MC, peut-être les seuls clips de EJM et surtout la première version de "Bouge De Là" d'un certain MC Solaar) et effectue quelques concerts. Problème, entre 1991 et 1995, la scène rap hexagonale bouillonne et la médiatisation ne suit pas, d'autant plus que les maisons de disques reconnues ne se jettent pas sur les groupes en présence. Et certaines signatures n'en gardent pas un bon souvenir ( de leurs contrats). Les pionniers ont essuyé les plâtres, la relève a le choix entre le soutien d'une major ou la débrouillardise, comme les collègues du rock alternatif par exemple, soit autoproduction totale, soit "professionalisation" cad création de labels, et arrangements pour la distribution des enregistrements. Assassin a montré la voie, EJM ou La Cliqua commencent à y réfléchir, et puis de l'autre côté de l'Atlantique, quelques bronzés énervés de Compton ou Oakland ont réussi à monter et surtout consolider un label, et ce ne sont pas les seuls. Apparemment Demon.B n'a pas envie d'y réfléchir et il quitte le navire, avec un autre TSN, ce qui réduit l'équipe à 3 personnes, un trio noyé dans la masse de ceux qui cherchent à sortir de l'ombre de Joey Starr, Akhenaton, Rockin Squat, Solaar qui couvre la troisième vague émergente du rap français. Mais comme TSN aime la nuit et Paris, ça tombe bien, non?

PEUR SUR LUTECE

JLTismé, Parano Refré et MC Bees fondent donc un label, Panam' Production. Il s'agit en fait d'autoproduction, au sens où le label ne sert qu'au groupe Tout Simplement Noir. Bref, nos amis s'associent avec un certain Greg, pour concevoir l'album "Dans Paris Nocturne", alors que de Seine Saint Denis arrive "Paris Sous Les Bombes", et qu'un futur rapper acteur, avant de révéler à son fils son honorable profession, nous a dit que Paris la nuit c'est funky ( à condition de courir plus vite que des projectiles métalliques mais c'est une autre histoire). Ce premier opus, sorti en 1995, (D.P.N.) illustre semble-t-il le mode de vie d'une espèce peu étudiée jusqu'alors, le "négro parigot": il est constaté, selon les experts consultés, que le négro parigot aime faire la fête, provoquer ( influence de Serge Gainsbourg?), observer son environnement et militer ( le fameux logo " Banania ne passera pas par moi"). De l'hédonisme et du réalisme sur des productions qui tournent le dos au son en vogue, le rap jazzy de A Tribe Called Quest ou l'âpreté d'un DJ Premier. TSN ne rêve pas que "Châtelet-Les Halles c'est Brooklyn", se contentant de martyriser le pauvre Claude François, rapproché post mortem de ses influences réelles, la musique noire américaine. Résultat des courses, "quasi indifférence des media underground et de ceux alors disponibles en kiosque" ( RER #3, septembre ou octobre 1996) et succés sur le marché indépendant puisque 75000 exemplaires seront écoulés.
TSN en profite pour sortir le single "J'suis F", qui fera l'objet d'un clip, et reste leur tube underground, et Parano Refré est recruté par la chaîne musicale MCM en 1996. Il y animera "Blah Blah Rap", émission bi-quotidienne d'une demi-heure (qui succède plus ou moins à "Ema Doze", présentée par une jeune femme blonde qui avait la bougeotte, mais nous nous égarons) jusqu'en 2000, et ne se privera pas de diffuser de temps en temps la vidéo de TSN.