Thursday, December 04, 2003

Some exclusive stuff, La Rumeur itw 's first part done in May 2002, the rest in EKN (possible release date : middle of 2004)

Autopsie d’un premier tour dans la cite turone…La Rumeur

On ne présente pas la Rumeur, et si vous voulez une présentation, je vous envoie Joey Starr !!! Trêve de plaisanterie, cela se passe au Centre de Vie du Sanitas, fin mai 2002 dans le cadre du festival Aucard de Tours, section hip hop (La Rumeur est venue , ou plutôt les membres du groupe sont venus, comme cela pas de soucis d’ordre grammatico –psychologique ,pour un atelier et un concert, qui n’aura en fait lieu que l’année d’après). Pendant que les élèves d’un temps s’escriment, la Rumeur parle (à qui ? à moi. Qui est moi ? celui qui fait de l’égotrip comme Rockin’ Squatt, je sais, j’ai une étiquette de provocateur, hahahaha)

Déjà je vais vous demander, question d’actualité , qu’est-ce que vous choisiriez, entre Chirac, Le Pen et Jospin ?

Ni l’un ni l’autre (Ekoué), vraiment Sinon j’ai vu que vous êtes bien vus dans le journal « Les Inrockuptibles », et moi j’ai lu ce que les gens disaient (dedans), en gros, entre les deux tours il y avait une critique du parti Socialiste, et après il y avait intérêt à choisir entre l’un.. La position des Inrocks, par rapport au débat politique, ne nous étonne pas, je veux dire, c’est un journal qui, bon ben voilà (Hamé complète et « coupe » ) qui est assez consensuel, à la base tu vois, c’est un journal qui concerne la jeunesse de gauche. On considère ça comme un outil de promotion, tu vois, comme un autre, largement diffusé, maintenant, ce n’est pas le genre de media qui nous [représente ?]. Par contre, au-delà de ça, par rapport au 1er et 2eme tour, on était clair, c’est abstention, point à la ligne, tu vois ?

Si on laisse de côté les Inrockuptibles (je reformule ma question par rapport à l’originale), moi j’écoute Skyrock, et le soir du 1er tour, quelqu’un du Saian Supa Crew a appelé, et aussi Mokobé du 113, et le message en gros était de choisir l’un plutôt que l’autre. Il n’y avait pas de critique…

(Ekoué me coupe et enchaîne) Ca c’est leur problème. Tu sais, moi ces mecs qui se réveillent au lendemain du 2ème tour pour savoir que la France est un pays raciste, je ne peux plus rien faire pour eux. Non, nous, avant les élections, on appelait au boycott de toute forme d’élection possible. On considère que la solution ne vient pas par le vote, c’est un leurre, c’est un fantasme. On prend la [ ? un mot incompréhensible même après écoute répétée, ndm] tous les jours, on croit qu’on va changer nos conditions de vie, en mettant un bulletin dans l’urne ? Si c’était aussi facile, ça se saurait et on irait les premiers, on serait les premiers à le faire aveuglément, tu vois ? Non, non, je crois qu’il y a une grosse mascarade autour de tout ça, il y a… la situation [« précise » ?!? difficile de comprendre le sens ,ndm], après c’est revenir en profondeur sur le terme, de, comment dire, d’implication citoyenne, tu vois ce que je veux dire, à la cité, à la vie politique, on considère que la politique institutionnelle, telle qu’elle est appliquée, de gauche, d’extrême gauche, de droite, elle ne nous concerne pas, tu vois ? Parce qu’elle soulève des problématiques qui sont complètement absentes, du débat [« qu’on veut amener » ? ndm] par le biais de notre disque ou autres, par le biais de notre disque essentiellement. Donc, par rapport à ça, après, gauche – droite, évidemment que, bon voilà, en tant qu’immigrés on ne voit pas de différence notoire, tu vois, sinon que quelque part, la gauche c’est la perfidie, le vice, quelque part, exacerbé, la droite c’est une politique clairement réactionnaire, et [ ?! un mot m’a encore échappé, attrapez-le ! joke, ndm] beaucoup plus frontale. Maintenant, comme on a coutume de dire, on préfère de vrais ennemis à de faux alliés, tu vois. Donc après si on revient dans le contexte électoral dont tu parles, moi, ce qui m’a… nous, je parle au nom de La Rumeur, ce qui nous a fait gerber c’est cette mobilisation « bon enfant » pour dire comme quoi le Pen, c’est la tête à abattre, une fois qu’on l’aura ramené en dessous des 15%, le racisme n’existera plus, tu vois ce que je veux dire ? Ca c’est vraiment une manière, justement, d’ancrer d’une façon beaucoup plus insidieuse le racisme dans les institutions, tu vois , Le représentant du racisme, il s’appelle le Front national, et tous les partis qui se revendiquent d’une tradition démocrate ou républicaine, ne sont pas racistes, tu vois, ils ne votent pas de lois racistes, toute forme de discrimination raciste sous leurs gouvernements n’existe pas, alors que c’est complètement faux, tu vois, c’est complètement faux.

Mais alors pourquoi vous, vous vous en rendez compte et tous les autres rappers, ils ne sont pas tous forcément blancs et riches, alors pourquoi eux ne s’en aperçoivent pas ?

Parce que, nous on est là pour donner de leçon à personne, tu vois, on considère que notre abstention, elle relève d’une conviction politique, tu vois ce que je veux dire ? Maintenant, ce n’est pas de l’abstentionnisme par flemmardise, c’est que…. Si on ne vote pas, et bien, on considère qu’il y a des problématiques qui sont absentes, qui nous paraissent essentielles, pour notre émancipation sociale, intellectuelle, politique, tout ce qu’on veut, tu vois, tout ce qui a trait quelque part à… Moi j’aimerais bien savoir, de tous ses représentants [quel est celui] qui parle ouvertement des relations de pouvoir entre la France et les pays du Tiers Monde, tu vois, entre les pays exploités. Et un Chirac au pouvoir, c’est des chefs d’Etat africains quelque part, qui se réjouissent et qui sautent au plafond parce qu’il a tissé des réseaux mafieux sur tout le continent, et quelque part [cela] conforte l’hégémonie des dictateurs africains, pour servir les intérêts des anciennes puissances coloniales, tu vois. Tu vois ce que je veux dire ? Donc par rapport à ça, nous, c’est une réalité quelque part, qui nous concerne autant que notre situation de banlieusards, parce que, tu vois, on est des immigrés de première génération, et on considère que la politique africaine de la France, elle ressemble de près ou de loin…elle est relativement proche de la politique ou des différents comportements qui se sont succédés, appliqués aux quartiers (c-a-d aux banlieues, ndm), tu vois ce que je veux dire ? Nous on ne voit pas de grosse différence, on considère que la politique néo-coloniale qui est appliquée dans nos pays respectifs, elle est la même [que] par rapport à nos quartiers. C’est exactement pareil. C’est : appauvrissement, à tout point de vue, culturel, économique, et répression. Répression, sanglante, et impunie…en toute impunité, tu vois. Donc maintenant après, le vote…si maintenant des rappers se réveillent, quels que soient leurs noms, quels que soient leurs courants, et considèrent que voter Chirac c’est un bien qui est salutaire et que ça peut leur permettre justement, de se donner bonne conscience et considérer que voilà, ben… c’est tant pis pour eux, tu vois, et le rap, tu vas dire, il n’échappe pas aux contradictions du système, tu vois, on considère que voilà, si voter Le Pen ou voter Chirac, c’est symboliquement un acte politique fort, moi je dis non, nous on dit non, complètement. C’est faux, c’est du leurre. Chirac, il a un programme tout aussi sécuritaire que le Front National, Chirac c’est un, c’est un… il a autant de sang sur les mains que Le Pen, en Afrique ( Ekoué s’est bein emmêlé les pinceaux, ndm), tu vois ce que je veux dire, les caisses noires, et même plus (quelqu’un d’autre intervient, Hamé ? oui, c’est Hamé, mais il y a encore un autre qui parle aussi, Philippe je crois, un peu de cacophonie…) Il est dans la majorité présidentielle, et les institutions, depuis les années 70, Chirac (là c’est bien quelqu’un d’autre qui parle, je suis un grand professionnel comme tout le monde sait, ndm, « introducin’ Hamé ») , attention. C’est pas « Les Guignols », Chirac, le mec qui boit des bières etc…, attention ! C’est un tigre, celui-là, c’est un tigre (j’ai corrigé depuis mais je remets le passage écrit à la retranscription « je crois que c’est Hamé , ndm») ! L’antichambre de Omar Bongo, (Ekoué) les réseaux de mercenaires, enfin tout quoi, je veux dire, l’armement, le financement des armées dictatoriales, des régimes, des états-majors d’armée des régimes réactionnaires en Afrique, il est impliqué directement, l’assèchement de régions, les famines (là c’est Hamé qui parle, avec son accent du Sud) , le Rwanda (dont on a parlé hier lors de la « palabre » coorganisée par la Cimade, avec la 3ème ethnie, les Twa dont il est très peu fait mention, ndm) on sait que la France a une responsabilité directe, et ce n’est un secret pour personne, et ça personne ne le dit. Tout le monde le sait, et on sait que les cellules de l’Elysée, elles ont un rôle, moteur, premier, tu vois, dans l’entraînement, le financement, l’organisation des génocidaires au Rwanda, et avant le génocide, pendant et après, la France les a toujours couverts, tu vois. Donc voilà, ça s’est passé sous Mitterrand, à l’époque c’était avant la cohabitation , la droite est passée, la gauche a entraîné ça… ( Ekoué reprend la main) Historiquement Chirac pendant la guerre d’Algérie, il était, c’était un officier pro-OAS, pro « Algérie française », au même titre que Le Pen, donc il n’y a pas vraiment de grande différence, tu vois, moi personnellement… (Hamé, après avoir été coupé tout à l’heure, reprend la main) Le Pen aujourd’hui, il a moins d’années de pouvoir qu’un Chirac, tu vois ? Le Pen, on est d’accord, c’est un ennemi, clair, net, déclaré, il n’y a aucun problème. Simplement, il a… une nuisance moindre, en termes de pouvoir législatif, en termes de réel pouvoir, tu vois, de décision, tu vois, de décision. De prendre des décisions, faire voter des lois, des aménagements, voter des budgets. Jusque là, tu vois…jusque là, il n’a pas été du côté du pouvoir, Le Pen, tu vois ? Il aurait aimé, etc…, pourtant, tu vois, la plupart des coups les plus sérieux, des coups qui ont le plus liquidé, tué l’immigration et… les coups qui ont le plus liquidé, tué l’immigration et… les coups qui fait le plus mal à l’immigration, ça vient des partis traditionnels, tu vois, ça vient du PS, des partis traditionnels de droite et de gauche, quoi, tu vois ? De ceux qui se sont succédés au pouvoir. Donc, quelque part, que l’épouvantail du FN, est le degré ultime, tu vois, du caractère réactionnaire, ségrégationniste, raciste de la classe politique, c’est un épouvantail, mais faut pas oublier que dans les années 80, il n’y a pas eu besoin de Le Pen pour des crimes racistes, des crimes de flics impunis, pour les charters, le Rwanda, pour, tu vois, la dévaluation du franc CFA, c’est pas Le Pen, tu vois ? C’est des gens qui ont été plébiscités par le peuple français, tu vois, c’était Mitterrand, c’était Chirac, c’était Jean Christophe Mitterrand, tu vois, des trafics d’armes sur notre continent, tout ça, la mort, le venin, le poison quoi, tu vois, qui est inoculé dans les veines de l’Afrique, attention, tu vois, ces gens-là ils ont…attention, quoi, tu vois (tentative de Sull, écartée par Hamé qui continue) Ca on ne l’oublie pas, on ne l’oublie pas, et on n’enferme pas la problématique dans [un/ le] petit côté local (Ekoué approuve)… « Demain ça va être un peu chaud pour nos fesses », c’est chaud pour nos fesses, tu vois, c’est chaud pour nos fesses. Beaucoup de gens [se] sont réveillés parce que , si Le Pen passait, ça allait être aussi chaud pour les leurs, tu vois, et si Le Pen était passé…de toute façon c’était pas possible (Ekoué revient) De toute façon, s’il était passé, la situation aurait été claire, voilà (Hamé revient) Le pays aurait arrêté de fonctionner, il aurait été à feu et à sang (Ekoué revient) Qu’est-ce que, enfin je ne crois pas…

Pour moi, ça va être un peu flou ce que je vais dire…

(Ekoué) Fallait voter Le Pen ? Non c’est pas ça, mais si le Pen était passé, voilà, justement cela aurait été plus clair et ça aurait montré qu’il n’y avait pas que le vote, et que…enfin moi je ne comprends pas que les gens n’aient pas la mémoire…moi j’ai 30 ans, mais Chirac, il y avait Pasqua et le jeune… Malek Oussekine ? Voilà etc… il y a eu des tas de choses, donc euh je sais pas…
Parce que , après, tout simplement…nous on considère (Ekoué a repris la main) que, de toute façon, comme venait de le dire Hamé, Le Pen au pouvoir, ça relève du spectacle, tu vois ce que je veux dire, et c’est un commerce aussi, tu vois, quelque part. Moi j’ai regardé ce élections comme la Coupe du Monde, tu vois, avec sa part de suspens, avec ses grosses parts de marché, avec, avec tout [cet ? son ?] intérêt médiatique, avec un résultat qui était, je veux dire… un truc fomenté du début jusqu’à la fin, tu vois ce que je veux dire ? Des espèces de pseudo… je veux dire… tu vois, un truc qui était largement prémédité, tu vois, je veux dire, quant à l’issue de cette campagne, et puis, encore une fois de plus, voilà, tout ça… tu sais, un régime d’extrême droite, un régime fasciste, ils le mettront à partir du moment où les intérêts des banquiers, quelque part, ils seront de plus en plus vacillants, à partir du moment où les grèves se montreront de plus en plus massives, à partir du moment où quelque part, la grève touchera tous les secteurs d’activités, et t’auras un front commun routiers/ agriculteurs/ employés/ fonctionnaires quoi ou qu’est-ce, ouvriers, tu vois, à partir du moment où, je veux dire, t’auras… le rapport de forces et la lutte, tu vois, le rapport de forces et les luttes sociales, elles s’aiguiseront, dans une période de crise ( on est très loin du « bling bling », « P.I.M.P. », ndm), quoi, tu vois ? (c’est Hamé qui a repris la main). Non, et puis tu vois, ça m’aurait trop fait mal au cul, quoi, de voter pour un… (Ekoué surenchérit) Ca m’aurait trop fait mal au cul de voter tout court, quoi, déjà, alors certainement pas pour ça… (Hamé revient) Regarde aujourd’hui, leur programme en matière de sécurité, et ce qu’ils comptent faire par rapport aux quartiers, tu vois, c’est prévisible ! Ils ont repris…ils ont repris, comment dirais-je, toute l’hystérie sécuritaire avant le premier tour, l’hystérie médiatique et tout, tout le bourrage de crâne idéologique par rapport à l’insécurité , ils l’ont repris à leur compte, et c’est une version allégée, tu vois, de ce que le FN propose ! C’est tout. Et puis attends, ces gens-là, depuis…aujourd’hui , il faudrait comment dirais-je, presque s’excuser de ne pas avoir voté, quoi ! Il faudrait s’excuser de ne pas avoir voté parce que ça a amené [Le Pen]… Je suis désol é, les premiers responsables ce sont ceux justement qui ont pactisé avec lui, quoi ! tu vois, Le Pen, sa rhétorique, son discours, ses thématiques, ils les ont tous repris ! (Ekoué approuve) Du PC à… à Madelin, tous, quoi, tu vois, des transversales, le PC, tous, ils se sont mis d’accord à un moment donné, au tournant des années 80, vers 84-85, pour dire que l’immigration c’était un problème, et que (Ekoué aimerait en placer une, mais quand Hamé est lancé…) les quartiers étaient quelque part, un peu le cancer de ce pays, tu vois, quelque part. et que, voilà [les] différentes immigrations d’Afrique, et ben, on ne peut pas accepter tout le monde, toute la misère du monde, il y a des seuils de tolérance, il ne faut pas exagérer, euh on pue, on fait du bruit et on pue, tu vois, « le bruit et l’odeur », tous ces trucs-là, tu vois, tous ces trucs-là, qui ont… qui auraient très bien pu sortir de la bouche d’un Le Pen, et (moi ? voir ? ndm) Pasqua, le code de la nationalité, la législation autour du droit… du séjour des immigrés, la question des sans papiers, toutes les lois qui ont quelque part réglementé, toutes les lois répressives et pénales autour de ça, ça aurait pu être pondu par un Le Pen, tu vois ? Ca aurait pu être pondu par Le Pen, voilà, c’est la même logique, donc quelque part, c’est un rejet en bloc, c’est un rejet en bloc (Ekoué revient) C’est le Léviathan, un peu, de la droite, quoi, tu vois ce que je veux dire ? C’est le visage le plus caricatural, le plus hideux tu vois, de la droite, mais c’esr…voilà, ça reste, ça reste…un bourgeois,une caricature d’homme politique, de riche, et puis c’est tout, quoi. Voilà.

Sinon, on va revenir à la musique, moi j’avais… il me semblait que l’album devait sortir il y a un an ou il y a six mois, qu’est-ce qui s’est passé ?

On considère qu’un album, c’est une période de ta vie (c’est Ekoué qui parle), tu vois ce que je veux dire, [c’est une marque de ta vie] quelque part. Nous, on a une conception d’un album, quelque part … comme une pièce qui s’affirme dans le temps, tu vois ce que je veux dire ? On [ne] fait pas des albums ponctuels en fonction des impératifs du marché, en fonction des différentes sorties, tu vois ? On fait un album quand on sent…c’est-à-dire quand on sent qu’il est prêt à sortir, il est le reflet de notre état d’esprit, le reflet de nos influences musicales, le reflet de notre conscience politique, tu vois ce que je veux dire, le plus abouti, et ce qui a notre goût semblera vieillir le mieux, tu vois ? C’est-à-dire que demain, si on dit qu’on [ne] va faire qu’un album, et bien on espère, tu vois, que la durée de vie, tant au niveau des thématiques [un mot non compris, je ne pense pas que ce soit « qu’à celui de la tech-eu-niqueu » hein Didier Deschamps et son manteau de cuir, ndm] de « L’Ombre Sur La Mesure », et bien on sera, entre parenthèses, tranquilles pendant les cinq prochaines années, quoi, tu vois ? On aime bien aussi le caractère avant-gardiste au niveau des thématiques, tu vois, ce qui aujourd’hui, quelque part, est complètement absent, dans le rap et même au-delà, au-delà du rap et même dans les débats [suit un truc incompréhensible], quand on parle de groupe engagé, ou de musique engagée, il y a des degrés d’engagement quelque part, qui nous mettent complètement en rupture avec le reste, quoi. Si aujourd’hui être engagé, c’est faire une espèce de cabbale anti- Front National, tu vois ce que je veux dire, ça on laisse le débat à d’autres, tu vois ce que je veux dire ? Donc les problématiques qu’on essaie d’amener dans « L’Ombre sur la mesure », et ben, tant au niveau du fond que de la forme, on veut que ce soit un truc qui nous ressemble et qui résiste le mieux au temps, quoi, tu vois ? Donc ça demande du temps, beaucoup de remises en question, énormément de morceaux écrits, très peu gardés à l’arrivée, et on veut, voilà, une cohérence du début à la fin, tu vois, c’est un album, quelque part si tu apprécies le groupe, et ben, on veut que voilà, du premier au dernier morceau on veut que tu sentes qu’il y a un fil constructeur, c’est quelque chose de construit et de… et voilà. Cohérent (dit Hamé), un parcours comme un film, tu vois ce que je veux dire ?

Ca va peut-être vous fâcher, mais… Vas-y, vas-y (Ekoué) …mais moi j’avais cru voir qu’il devait sortir le 16 mars, or il se trouve que l’album d’Arsenik devait sortir le 16 mars aussi, est-ce que cela avait un rapport…
(Ekoué me coupe) Non, non, je te dis franchement, non Quand je dis Arsenik, je pense à d’autres albums aussi
Après, si peut-être pour eux c’était un problème, mais rassure-toi, pour nous ça ne l’était pas du tout, quoi. L’album était terminé, il était terminé… (Hamé coupe Ekoué et enchaîne) Il devait sortir le 24 mars, et on l’a repoussé au 16 avril, parce que…on aurait pris du retard, par rapport à la réalisation de clips, tu vois ? On devait faire concorder la sortie de l’album avec l’arrivée, tu vois, de clips, avec une marge de 3 semaines, et cela ne nous en laissait pas le temps, en fait. On avait pris trop de retard par rapport à d’autres chantiers parce que… la sortie de l’album était accompagnée de différents trucs, elle était accompagnée d’un triptyque de clips, tu vois, qu’on a réalisés avec un budget assez dérisoire et un temps aussi très restreint. Et il y avait un journal, aussi, un journal gratuit. Donc tout ça, [tous] ces chantiers-là, ben c’était pas arrivé à maturation à cette période-là, fin mars. Donc on a dû se laiiser une marge, tu vois, 2-3 semaines de battement en plus (PAUSE, quelqu’un des backstages demande un truc au groupe, en fait c’est pour préciser qu’on ne peut pas fumer dans la salle, ndm) Donc voilà, il nous fallait 2-3 semaines de battement supplémentaires ( toi il t’aura fallu 2 ans, ndm) pour pouvoir parachever tout ça, et pouvoir accorder…toutes les différentes pièces qui devaient se greffer à la sortie de l’album, tu vois, soient finies. Parce que sinon, cela risquait d’être un peu la débandade. Ca n’a rien à voir avec euh…(Ekoué coupe) Je ne savais pas qu’ils allaient sortir leur album, et de toute façon quand bien même…tu vois